Qu'est-ce que la crémation ?

La crémation est en plein essor. Un Français sur deux la choisit. De quoi s’agit-il exactement ? Comment se passe une crémation ? Nos réponses à vos questions.

Publié en
December
2023
Mis à jour en
January
2024
Par
Claire Saint-Géran
Outil
temps de lecture :
13 min
Sommaire
Qu'est-ce que la crémation ?
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© Jason Leung

Un linceul, un bûcher, des herbes aromatiques et des parfums brûlés en même temps que le corps... La crémation a longtemps été la technique funéraire la plus utilisée. Et puis, l’inhumation s’est imposée. Sans doute en raison de l’essor du christianisme. Hommage au tombeau du Christ, la mise en terre semblait aussi plus en affinité avec la promesse d’un réveil du sommeil de la mort. Interdite en 789 sur ordre de Charlemagne, la crémation est à nouveau admise dans la loi française en 1887.

Aujourd’hui, la crémation est de plus en plus choisie. Selon un sondage réalisé en 2023, 50 % des Français préfèreraient être crématisés (contre 20 % en 1979), 29 % inhumés et 21 % seraient indifférents 1. Leurs raisons : « Ne pas être une charge pour la famille après sa mort » (53 %), « C’est plus simple » (43 %), « C’est moins cher » (27 %) 2.

Crémation ou incinération ?

La crémation et l’incinération sont souvent confondues, à tort. La crémation consiste à brûler le corps d’un défunt dans un appareil à 800-900°C. C’est la chaleur qui consume le corps, pas les flammes. Ce qui ne s’évapore pas sous l’effet de la chaleur devient des cendres, une fois broyé en fines particules. L’incinération, elle, consiste à brûler des objets, des déchets dans un incinérateur. 

Que disent les religions de la crémation ?

Le bouddhisme la recommande et elle est obligatoire pour les hindouistes : pour eux, l’âme ne peut se détacher du corps qu’après la dispersion des cendres, qui facilitent sa réincarnation. Les protestants calvinistes et luthériens l’ont acceptée dès 1898. La religion catholique la tolère depuis 1963 mais recommande de garder les cendres dans un cimetière pour qu’un lieu de repos et de célébration soit bien déterminé. En revanche, la crémation, mal acceptée chez les orthodoxes, demeure interdite dans les religions musulmane et juive, pour lesquelles l’intégralité du corps est sacrée. 

Qui peut demander une crémation ?

Il suffit de faire connaître oralement son souhait à son entourage ou de le signaler par une note insérée dans son livret de famille. Le défunt peut également l’avoir notifié dans ses dernières volontés. Si ce n’est pas le cas, ses proches peuvent en faire la demande.

Quelles sont les démarches à faire pour une crémation ?

Un certificat du médecin est exigé, prouvant l’absence de stimulateur cardiaque. Si la personne en a un, il doit être retiré avant la mise en bière car il peut endommager l’appareil. Le port d'une orthèse ou d'une prothèse n'est pas une contre-indication à la crémation. Les prothèses et les métaux seront séparés des restes osseux avant leur pulvérisation en cendres, et traités par le crématorium. 
La crémation est autorisée par le maire du lieu du décès (ou du lieu de mise en bière en cas de transport du corps). L'autorisation est accordée sur présentation des dernières volontés écrites du défunt ou d’une demande de la personne chargée de l'organisation des obsèques.
Comme pour l’inhumation, la crémation doit avoir lieu 24 heures au moins et 6 jours au plus tard après le décès (hors dimanches et jours fériés). « Lorsque c’est impossible, on peut obtenir une dérogation », précise Joris Sanson, responsable de l’accompagnement des familles chez les pompes funèbres inmemori à Rennes. Si le décès a lieu à l'étranger ou dans un territoire d'outre-mer, la crémation est possible six jours au plus tard après l'entrée du corps en France. 
« La personne défunte est placée avec le cercueil dans l’appareil de crémation, explique Joris Sanson. Lors de sa fermeture, un officier de police ou un élu doit être présent pour vérifier son identité : il contrôle le bracelet du défunt et scelle le cercueil. Sans ces scellés, le crématorium refusera de procéder à la crémation. C’est la maison de pompes funèbres qui s’assure de sa présence. Dans les devis, la taxe de pose des scellés par la police, comprise entre 20 et 25 euros selon les villes, est ajoutée. Elle sera reversée au Trésor public. Dans les petites communes, où c’est l’élu qui se déplace, c’est gratuit. »

Combien coûte une crémation ? 

En 2019, selon l’association de consommation UFC-Que choisir, « le prix moyen d'un enterrement était de 3 609 euros pour une crémation et de 3 350 euros pour une inhumation hors marbrerie ».
Le coût d’une crémation comprend en général : les démarches administratives, l’achat du cercueil et de l’urne avec leur plaque d’identification, la vacation de police pour les scellés, le transport entre le lieu du décès et celui de la crémation, la crémation proprement dite. A cela, il faut ajouter le coût de l’organisation d’un recueillement éventuel des familles avant la crémation et celui d’une cérémonie si on en souhaite une. Le coût de la crémation seule s’élèverait entre 600 et 1 000 euros en 2023, selon les crématoriums. Ceux-ci sont principalement gérés par des organismes privés pour le compte de la commune. Le prix de la crémation est donc fixé par le conseil municipal. Ce service est pris en charge par la mairie pour les personnes sans ressources suffisantes, si elles en ont exprimé la volonté.
« Une crémation n’est pas forcément moins chère qu’une inhumation, constate Joris Sanson. Tout dépend des choix de la famille et des circonstances : l’ouverture d’un caveau – aux alentours de 900 euros – revient au même prix qu’une crémation, mais on n’achète pas d’urne. En revanche, si la concession n’existe pas, l’inhumation est beaucoup plus chère car il faut acquérir une concession. »

La crémation est-elle plus écologique ?

D’après une étude réalisée en 2017 pour la Ville de Paris, une inhumation rejette en moyenne autant de C02 que 3,6 crémations. Et ce, en raison des matériaux utilisés pour les sépultures, et notamment le granit importé de Chine, d’Afrique du Sud ou du Brésil. Mais une inhumation en pleine terre sans monument (182 kg de CO2) a un impact écologique un peu inférieur à celui d’une crémation (233 kg de CO2), tandis qu’une inhumation avec la mise en place d’un caveau et d’un monument génère 1 252 kg de CO2.
Pour le cercueil, contrairement aux idées reçues, mieux vaut le choisir en bois léger plutôt qu’en carton : sa combustion est plus rapide et limite la durée de la crémation, donc de la consommation de gaz.

Quelles sont les fleurs conseillées pour une crémation ?

« Hormis quelques fleurs coupées, les gerbes ou les couronnes ne sont pas emportées avec le cercueil car le plastique des supports peut abîmer l’appareil de crémation, explique Joris Sanson. C’est la famille qui les récupère. Chez les pompes funèbres inmemori, nous proposons souvent de déposer une fleur sur le cercueil, puis de prévoir des fleurs pour plus tard : lors de l’installation de l’urne dans une cavurne ou sur un monument, ou pendant la disparition des cendres. » 

Combien de temps dure une crémation ?

La crémation proprement dite – depuis l’introduction du cercueil jusqu’à la remise des cendres – dure de une heure trente à deux heures. Cette durée peut varier selon la corpulence du défunt. La cérémonie d’hommage qui la précède dure entre 30 minutes et une heure selon le souhait de la famille.

Comment se passe une crémation ? 

Elle se déroule en quatre étapes.

  • L'accueil de la famille

La famille attend dans le hall du crématorium. Un agent du crématorium ou un « célébrant », comme chez les pompes funèbres inmemori, invite les proches à prendre place dans la salle d’hommage et prononce quelques mots d’accueil. Le cercueil est placé dans la salle à la vue de tous.

  • La cérémonie de recueillement

Un temps d’adieu est proposé. Une cérémonie civile ou religieuse peut être organisée autour du cercueil (dans la religion catholique, la cérémonie a toujours lieu avant, à l’église). Plusieurs discours et textes pour obsèques peuvent être lus, entrecoupés de chansons, moments musicaux ou silencieux, ou de la projection de photos. S’il le désire, chacun peut témoigner de son affection au défunt par un geste devant son cercueil ou le dépôt d’une fleur. Un registre de condoléances est à la disposition de tous. « En général, une cérémonie dure trente minutes dans les crématoriums, précise Joris Sanson. Chez les pompes funèbres inmemori, nous essayons de suspendre le temps en instillant un peu de poésie : une main posée sur le cercueil, le dépôt d’un emblème en bois ou en osier, comme un arbre de vie ou un cœur… Nous orchestrons ce moment avec des gestes qui font sens pour la famille et les proches. Chez nous, il n’y a rien de standardisé. »

  • La crémation

Le cercueil est placé devant l’appareil de crémation et un bras métallique le pousse derrière une porte qui se referme. Et cela loin du regard de la famille et des proches. « Aujourd’hui, les professionnels du funéraire déconseillent fortement d’assister à ce moment. Cela enlève toute la poésie de ce qui est passé avant, prévient Joris Sanson. Pendant ce temps, nous invitons les proches à se rejoindre pour prendre un verre du souvenir ailleurs. »

  • Le retour des cendres

Les cendres sont traitées comme des corps, avec « respect, dignité et décence », selon les mots de la loi Sueur de 2008. Finement broyées, elles sont recueillies puis déposées dans une urne funéraire de trois à quatre litres (ou un contenant choisi par la famille), qui sera scellée si les cendres n’ont pas vocation à être dispersées. Une plaque d’identification précisant le nom du défunt, l’année de sa naissance et de son décès, ainsi que le nom du crématorium doit être obligatoirement collée sur l’urne. Les cendres peuvent alors être conservées dans l’urne (mais pas à domicile depuis la loi Sueur), qui sera enterrée ou scellée sur une pierre tombale dans un cimetière, ou dispersées dans un jardin du souvenir ou un lieu qui a du sens.

1 Étude Ifop sur les Français et la mort, réalisée du 5 au 6 septembre 2023 pour plaquedeces.fr.
2 Enquête OpinionWay sur les Français et l'évolution du féunraire, réalisée en octobre 2023 pour le Service des professionnels de l'information du diocèse de Paris.

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