Les obsèques écologiques offriraient une alternative respectueuse de l'environnement mettant l'accent sur la durabilité, la réduction de l'impact environnemental et la célébration d’une mort plus proche de la nature. Cet engagement nécessite de prendre quelques précautions et de faire les bons choix. Le point avec Antoine Bachès, chef produits chez inmemori, pour que vos funérailles et votre dernière demeure soient les plus écologiques possible.
Crémation ou inhumation : quelle méthode pour « mourir écolo » ?
D’après l’étude Analyse environnementale comparative du rite de la crémation et de l’inhumation en Ile-de-France réalisée en 2017, une inhumation équivaut à 3,6 crémations en termes de production de CO₂. Au total, ce sont plus de 833 kg de CO₂ qui sont rejetés dans l’atmosphère lors d’une inhumation classique. « 93 % de ces émissions sont liées au lieu de sépulture », explique Antoine Bachès, qui rappelle que « 40% sont des caveaux, bien souvent produits en béton, matière fortement émettrice de CO₂ lors de sa fabrication ». L’inhumation en pleine terre (182 kg de CO₂) reste la solution la plus verte.
Obsèques écologiques : cercueil en bois ou en carton ?
Depuis 2008, il est possible de choisir un cercueil en carton. Conçu à base de carton recyclé et de colle naturelle de maïs et de pomme de terre, il se caractérise par sa légèreté, un plus faible coût et un meilleur impact sur l’environnement. « Le bilan carbone de sa fabrication est de 1,816 kg de CO₂ émis », d’après la société ABCrémation.
Si un cercueil en bois a besoin de dix à quinze ans pour se dégrader dans le sol, il faut compter une année seulement pour un cercueil en carton ; en revanche, sa crémation consomme plus de gaz. D’après l’étude des services funéraires de la Ville de Paris, « l’apport calorifique d’un cercueil en bois est considérable et permet de limiter la consommation de gaz ». « Quand il y a une crémation avec un cercueil en carton, on paie un supplément car elle dure plus longtemps », rappelle Antoine Bachès.
« Si vous optez pour un cercueil en bois, choisissez-le issu de forêts françaises éco-gérées, certifié PEFC sans solvant, sans colle de synthèse et avec un capiton en matière naturelle et des poignées en bois », conseille Antoine Bachès. « Chez inmemori, on a fait le choix de n’en proposer que deux au même prix, qui sont les formes choisies par la grande majorité des Français, pour simplifier le choix des familles. Nous proposons en revanche plusieurs essences de bois écoresponsables, car le chêne ne raconte pas la même histoire que le pin par exemple, c’est très personnel. »
« Le funéraire est un secteur qui ne prend pas vraiment en compte le critère écologique et reste assez conservateur en France », regrette Antoine Bachès, qui explique « que beaucoup de matériaux sont en plastique et importés » et rappelle que « chez inmemori, nous proposons un capiton en lin français ou en coton avec un molleton en ouate écologique et nos emblèmes sont tous issus de matériaux bio, sourcés et provenant d’un circuit court. Ils sont en bois ou en blé. Nous faisons la promesse par ailleurs de maintenir des prix justes car personne ne devrait avoir à choisir entre les deux ».
Obsèques écologiques : avec ou sans soins de conservation ?
Les soins de conservation n’étant pas obligatoires, on peut éviter au défunt de subir l’injection de produits toxiques pour les humains qui les manipulent et pour la planète. D’après l’Association française d'information funéraire (AFIF), la composition du « mélange » contiendrait des fluides de conservation – formaldéhyde (de 15 à 35 %) – et des fluides d’accompagnement – méthanol, glycol, phénol, éosine/chlore, glycérine, alcool…
Les pollutions provoquées par les vêtements et les bijoux peuvent elles aussi être facilement évitées. « Vêtements, chaussures, objets d’apparat, mais aussi petits objets déposés par la famille dans le cercueil, sans discernement ni contrôle, sont autant de matériaux qui sont à l’origine de “pollutions”, notamment en cas de crémation », explique Michel Kawnik de l’Association française d'information funéraire, qui rappelle que « si le cercueil est obligatoire, rien n’empêche d’y reposer juste habillé d’un linceul ».
Fleurs de deuil et couronnes : préférer la filière française
« Les funérailles sont très souvent assorties de décorations florales, couronnes, gerbes, bouquets… », souligne Antoine Bachès, qui rappelle que « l’impact écologique des fleurs existe ». Les fleuristes se fournissent auprès de grossistes internationaux alors qu'il existe une filière française, le Collectif de la fleur française ¹, à qui il est possible de commander des compositions à base de fleurs locales et de saison.
Les fermiers fleuristes du Murs à fleurs de Montreuil ² proposent, eux, une offre de deuil écologique différente en fonction des saisons, avec des fleurs fraîches du printemps à l’automne, et des fleurs séchées en hiver.
Autre idée qui mériterait d’être développée en France : Limbo ³, société espagnole, propose The Green Memory, un concept d’ornement funéraire conçu à base de supports réutilisables et recyclables où sont accrochés des pots de plantes vives et fleuries locales et de saison, ce qui permet à la fois un hommage et un souvenir (on peut offrir les pots aux proches à la fin de la cérémonie).
Les amoureux de la nature pourraient même imaginer cueillir eux-mêmes leurs fleurs dans leur jardin ou dans les champs, en prenant soin d’éviter les fleurs sauvages qui pourraient être menacées et protégées.
Enterrement écologique : trouver une place au vert
Depuis le 22 juillet 2015, l’Assemblée nationale a adopté la loi de transition énergétique pour la croissance verte, qui prévoit la mise en place de l’objectif « zéro pesticide » dans l’ensemble des espaces publics à compter du 1er janvier 2017 : les collectivités territoriales ne peuvent donc plus utiliser de pesticides pour l’entretien des cimetières. Mais, en France, on peut aussi trouver certains lieux d’inhumation écologiques.
Inspiré du cimetière naturel de Souché, près de Niort, un lieu de repos écologique a vu le jour à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). L’inhumation s’y fait en pleine terre afin de limiter la consommation énergétique et dans des cercueils ou des urnes en carton ou en bois local (essences françaises ou issues de forêts franciliennes : acacia, châtaignier, chêne…) sans vernis. Aucun élément minéral n’est accepté. Les familles déclarent qu’ils n’ont pas utilisé la thanatopraxie et que les vêtements du défunt sont les plus naturels possible. « Le premier avantage de cet espace funéraire est la possibilité de laisser une empreinte écologique la plus faible possible », explique Sylvain Ecole, chef de service des cimetières de la Ville de Paris, qui rappelle que « le deuxième avantage est financier, car un enterrement écologique coûte 22 % moins cher : 294 euros pour une concession de dix ans contre 376 euros en moyenne ».
Près d’Angers, à Pruillé, un parc de 4,5 hectares en pleine campagne, exploité par Les Arbres de mémoire ⁴, permet l'enfouissement de l'urne funéraire biodégradable au pied d'un arbre.
Obsèques écologiques : des pratiques encore non autorisées en France
« En France, seules la crémation et l’inhumation sont autorisées », rappelle Michel Kawnik, qui souligne que d’autres pratiques écologiques sont acceptées à l’étranger.
L'humusation est un processus funéraire alternatif qui vise à transformer les corps humains en humus, une matière organique riche en nutriments. Contrairement aux méthodes traditionnelles d'inhumation ou de crémation, elle favorise la décomposition naturelle des corps et leur retour à la terre de manière écologique. Cette pratique est légale aux Etats-Unis et en Belgique.
L'aquamation funéraire est un procédé dans lequel le corps du défunt est immergé dans de l'eau chauffée à 93°C, avec des agents favorisant la dissolution des tissus. Les restes osseux sont ensuite transformés en poudre, offrant la possibilité de l’inhumation, de la conservation en urne ou de la dispersion dans la nature. Légalisée dans sept États des États-Unis, elle l’est aussi en Australie, à Québec, au Canada et en Grande-Bretagne.
La promession ou cryogénisation funéraire utilise l'azote liquide pour refroidir le corps humain, le rendant fragile, puis le réduit en particules fines par vibration. Ce procédé n’est légal qu’en Suède, au Royaume-Uni, en Corée du Sud et en Afrique du Sud.
On peut aussi rendre sa mort utile et donner son corps à la science. Ce choix se fait impérativement par anticipation. Vous devez rédiger une demande manuscrite, datée et signée, et l'envoyer à la faculté de médecine de votre choix et bien appuyer sur le fait que cette décision a été prise de manière autonome et éclairée.