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Noël, anniversaires... Comment passer les fêtes sans eux ?

Chaque histoire est unique et le deuil ne se vivra jamais de façon identique selon les personnes et les situations. Pour passer la difficile épreuve des fêtes sans nos défunts, Deborah Fauchon, psychologue clinicienne, nous aide à appréhender cette traversée empreinte de lourdes émotions mais aussi parfois d’injonctions, et à trouver les réponses les plus adaptées.

Les premières fêtes sans eux

L’indicible vient d’arriver… La douleur est là, l’incompréhension vous habite et les journées s’écoulent sans jamais parvenir à ne pas penser à votre proche disparu. L’épreuve des fêtes et des anniversaires va s’imposer à vous. « Le sujet se pose évidemment, car on conçoit bien le décalage entre les personnes endeuillées et le mouvement à l’extérieur qui appelle à la joie pendant les célébrations de Noël et les fêtes de fin d’année », rappelle Deborah Fauchon, qui nous rassure : « On peut s’organiser pour que cette traversée soit la plus douce possible. »

« Il est d’abord essentiel d’avoir des attentes réalistes et de ne pas vous imposer l’injonction de passer les fêtes sans souffrance, insiste l’experte. Sinon, cela va ajouter une tension qui fera plus de mal que de bien. Il est important de composer avec votre chagrin lié à la perte que rien n’effacera. Il n’existe pas de mode d’emploi, c’est du sur mesure. Offrez-vous le luxe d’accepter les divergences entre ce que vous avez imaginé et ce qui va se passer. Donnez-vous le droit de bouger les lignes à tout moment et de changer d’avis, même à la dernière minute. »

Si vous aviez pensé préférer passer les fêtes en solitaire et qu’à 20 heures l’angoisse de la solitude vous saisit, sollicitez vos proches. Permettez-vous de ressentir toute la gamme de vos émotions. La tristesse, la joie et la nostalgie peuvent coexister. Écoutez vos sentiments, acceptez-les, et donnez-vous la permission d'honorer votre propre processus de deuil.

Entourer les endeuillés sans injonctions ni pression

Les circonstances du décès et les liens aux défunts sont déterminants dans la façon dont chacun va traverser les événements. Les proches auront grand-peine à trouver la solution idéale : certaines personnes ont besoin d’intérioriser, d’autres d’extérioriser...

Mais le partage peut apporter du soutien et favoriser la compréhension mutuelle. « La résolution du deuil est un processus de cicatrisation qui se fait lentement par rapport aux attentes sociétales », rappelle Deborah Fauchon. Lors d’un deuil récent, on est perdu, souvent immobilisé dans la douleur. Même si l’entourage, pudique, peut souvent se trouver démuni et ne sait pas comment amorcer le sujet, il peut ouvrir le dialogue – qu’est-ce qu’on organise ? Un rituel, un toast... ? – et aider à trouver des éléments de réponse.

Les familiers doivent se rendre disponibles, sans injonctions ni impératifs. « Il est essentiel que ce que l’on a décidé de mettre en place ne crée pas de contrariété. Il s’agit de rester à l’écoute de l’autre dans une posture souple et tolérante, rappelle Deborah Fauchon. Le premier facteur de résilience du deuil est d’être entouré, d’avoir un réseau amical qualitatif dans la durée pour pouvoir s’appuyer sur des personnes ressources. »

Des rituels pour faire coexister fêtes et deuil

Les absents qui ne sont pas nommés sont encore plus présents. Il est important de trouver le rituel qui permet d’intégrer l’absent à une juste place – ni trop, ni pas assez – pour passer les fêtes le plus sereinement possible. Porter un toast, allumer une bougie, cuisiner son plat favori, revoir son film préféré, faire une visite au cimetière pour laisser de la bande passante au reste de la journée et aux vivants… Deborah Fauchon encourage à réfléchir à l’adéquation de la proposition. Ne pas se brider et imaginer. Trouver le rite qui donne un vrai sens. Même si on n’en parle pas… Chaque année, à chaque occasion de célébration, la psychologue recommande de s’interroger sur les rituels choisis. Ils peuvent trouver leur place tout au long de la vie, évoluer ou disparaître.

« Pour les dates d’anniversaire de naissance comme de décès, il se passe des choses différentes, car c’est plus invisible et plus personnel. Les endeuillés peuvent intérioriser leur peine sans contraintes sociales », explique Deborah Fauchon. A chacun de trouver la célébration la plus adaptée et la plus réconfortante.

Le temps aidant, la personne endeuillée va retrouver le goût de vivre et profiter des moments de joie. « Il faut toujours avoir conscience que cette douleur va évoluer, imaginer que cela sera de plus en plus doux », rappelle Deborah Fauchon. Si les premières fêtes sont redoutables, celles à suivre seront moins intenses. « Y penser permet d’intégrer que c’est un processus, conclut l’experte. L’appréhension est légitime, elle continuera d’exister, mais pas avec la même intensité. »